Les serviteurs du prince Kaldrass
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| Au crépuscule d'une vie d'exil... | |
| | Auteur | Message |
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Axalis Royaliste
Localisation : Près de son n'Ange.. Date d'inscription : 30/12/2007
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| Sujet: Au crépuscule d'une vie d'exil... Dim 1 Mar - 1:46 | |
| J’observais. Le sable ocre se mêlant à quelques poignées d’herbes verdâtres. Les palmiers abritant des rayons d’un soleil énervé de jeunes guerriers s’adonnant à une sieste qui se verra sûrement écourtée. Des ruines, sur lesquels courent des geckos insaisissables, bavent des escargots fainéants, prisonnières de vinencres rougeoyantes à moitié dévorées par des chenilles à la taille bien insolite, rescapées d’une autre époque. Des habitations délabrées où vivent, marchandent et se battent les bannis du royaume. Un bastion aux pierres usées, siège d’un frère trahi, prince usurpé, grand candide et meneur d’hommes invisible.
Fuisserage la désertique. Autrefois ancienne cité prospère, aujourd’hui ses baraquements et ses commerces sont à l’image de ses résidents : fatigués et misérables. Toutefois cette morosité ambiante ne m’atteignait plus, ma décision était prise. Bientôt, tout sera fini.
Plusieurs heures de marche après, je me trouvais au centre d’une place où trônait une fontaine dont l’eau croupie se teintait souvent de rouge. Des plantes aux multiples couleurs et à l’appétit vorace, éparpillés aux quatre coins convoitises de nombre de voyageurs pour leurs fantastiques vertus curatives et leur non moins fantasmagorique vertu hallucinogène. De lourds crânes de bêtes hargneuses au poil ras constituant les seules reliques de leur carcasse dévorée par des aventuriers affamés au détour d’une forêt claire et lumineuse, laissés à l’abandon près de grands chênes. Des âmes tourmentées de soldats, de vieux gradés, de jeunes volontaires, des mercenaires d’un temps aujourd’hui révolu errent dans les ruines d’un champ de bataille, pourchassées par d’avides explorateurs.
Mérulik la marchande. Vivace, en perpétuel mouvement, frontière ensanglantée entre les convictions de chacun. Tel est le cœur de ces terres. Encore une fois j’observais.
La nostalgie commençait à m’envahir, j’appréhendais ce moment. Oui car bientôt, tout bientôt ce sera fini. Plus de Mérulik, plus de Fuisserage. J’ai suffisamment pris mon temps : pas le temps d’aller voir ce ronchon de Gonk, ni les brigands ou encore ce port royaliste dont les poissons consistants ont un arôme si subtile.
Il suffit. Je fais craquer les jointures de mes doigts, faisant danser entre elles phalanges et métacarpes. Je fais vibrer dans l’air mon bâton du Chaos, arme puissante sur laquelle sont gravés des runes, langage obscur aujourd’hui presque consumé. Le sceptre résonne d’un son pur et limpide, faisant écho au mana en train de se rassembler dans mes veines, tout autour de moi pour me servir. Je répète dans un chuchotis imperceptible les formules qui feront naître entre mes doigts endoloris des gerbes de flamme étincelantes. Inutile, j’ai depuis longtemps dépassé le stade où les mots sont indispensables à l’usage de la magie : désormais un simple geste, voire même une pensée suffit. Ce qui n’empêche pas les ratés. Mais qu’importe, des paroles incompréhensibles pour le commun des mortels suffisent à insuffler la peur dans le cœur de mes ennemis. Et puis cela possède un certain charme il faut dire. Bientôt tout sera fini alors autant le faire avec panache.
Même si tout sera fini après cet ultime combat. Bientôt, tout bientôt oui… | |
| | | Axalis Royaliste
Localisation : Près de son n'Ange.. Date d'inscription : 30/12/2007
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| Sujet: Re: Au crépuscule d'une vie d'exil... Lun 2 Mar - 14:10 | |
| Les corps calcinés de jeunes idéalistes aux couleurs du traître commençaient à dégager une odeur plutôt désagréable. Leur chair consumée, leurs yeux grands ouverts sur une chose encore inaccessible aux vivants, leur bouche crispée dans une grimace d’effroi mêlé de douleur…J’observais ces pauvres malheureux qui n’avaient vraisemblablement pas l’habitude du combat.
J’en venais ainsi à me poser la question sur quelles avaient bien pu être leurs vies, moi qui leur avait infligé la mort. Ont-ils été forcés à prendre part à la guerre ? Ou bien ont-ils été poussés par l’envie de servir leur roi, leurs esprits emplis de candides chimères ?
Moi aussi j’étais comme eux auparavant… Je pensais que cette guerre se stopperait un jour, et que nous, les bannis qui avions préféré suivre le légitime à l’ambitieux, nous les Exilés d’Alidhan finirions par vaincre. Vaincre le félon, qui a corrompu la majorité de l’armée et les nobles par d’alléchantes promesses qui se sont révélées vaines. Vaincre la lâche, qui aurait pu éviter ce conflit destructeur mais qui lui préféra intimer les populations à croire et se battre pour un utopique régime qui jamais ne verra le jour. Au lieu de cela, la guerre s’éternise… En tant qu’Exilé je considérais la victoire du prince comme une chose naturelle qui parviendrait tôt ou tard. C’était lui le vrai roi, celui qui devait monter sur le trône, celui qui a appris l’art de régner et de diriger un royaume par notre bon Roy qui avait rendu nos contrées encore plus florissantes qu’elles ne l’étaient déjà. Il avait su redonner vie à Fuisserage, cité déchue, là où rien ne pousse et où la chaleur du soleil n’a nulle pareille. Il nous mènerait au combat, lui à la tête de notre armée à l’allure bien misérable mais à la volonté de fer… Et nous vaincrions, parce que notre combat est juste. Je n’ai jamais vu Kaldrass. Toujours cloitré dans son bastion. D’inévitables questions me vinrent évidemment à l’esprit. Pourquoi ne nous rejoignait-il pas sur le champ de bataille, en tête de nos troupes ? Sa présence aurait été le meilleur des stimulants. Ne se souciait-il pas du sort de la guerre et surtout du nôtre, nous qui continuions à le suivre et à le servir malgré sa défection ?
La vérité m’était apparue fatalement : il ne valait guère mieux que les deux autres. Toutefois même si j’avais perdu tout désir de combattre en son nom, pour ses couleurs, je conservais au fond de moi cet infime espoir de voir un jour la guerre civile remportée par le prince. Malgré notre nombre, nous ne sommes qu’une masse grouillante sans réelle cohésion, sans unité… Les plus puissants d’entre nous ne se soucient guère du sort des nouveaux sur le champ de bataille. Nous nous perdons dans des conflits intérieurs qui ne font que nous affaiblir. Aux yeux des autres, nous ne sommes que des gueux tout justes bons à se battre contre les bêtes qui peuplent le royaume d’Alidhan.
Oui, c’est vrai nous sommes des gueux. Nous sommes pathétiques, vêtus de guenilles, nous vivons dans un désert, chassés de nos terres par nos frères pour suivre un prince déchu qui n’a pas su voir venir la trahison de son cadet. Et pourtant… Il était une période dorée, celle où les Exilés étaient craints. Celle des Gardiens et de la Trinquébois. Celle où nous étions fiers et droits, et non le dos courbé. Celle où je n’aurais même pas eu de telles pensées à l’égard de notre cause. Une période que je n'ai pas connu. Je rêve… Oui, je rêve que cet âge d’or ressuscite tel un phœnix dans les cendres de notre alignement actuel. Mais l’époque des Gardiens ne ressuscitera pas. Elle est à jamais révolue. C’est à nous de nous relever de notre léthargie et de montrer que nous pouvons faire autant si ce n’est mieux.
Mais cela se fera sans moi. Car j’ai décidé de stopper ces longs combats incessants qui se sont révélés vains. Oui très bientôt… Le rêve sera fini. A jamais. | |
| | | Axalis Royaliste
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| Sujet: Re: Au crépuscule d'une vie d'exil... Sam 7 Mar - 17:02 | |
| Je crois que, quand on rêve, on sait que c’est un rêve et que ce n’est pas la réalité. On sait qu’on va se réveiller un jour… Et si on ne se souvient de rien au moment où on ouvre les yeux, c’est pour ne pas être triste… Le rêve des hommes est ainsi… Fugace…
Une nouvelle fois, je tournais mon regard vers les cadavres dont l’emblème rouge s’est teinté d’un noir cramoisi. Quels étaient leurs rêves à eux ? Personne ne le saura jamais. Broyés dans les méandres de la guerre, ils ne se seront jamais réalisés… Leurs espoirs de voir un jour tous ces foutus conflits s’éteindre se sont envolés. Toutes leurs vies, leurs heures passées à s’entraîner, à combattre d’autres ennemis, à encaisser, tout cela pour finir ainsi…
Mais moi aussi j’ai rêvé.
J’ai rêvé de nombreux compagnons… Un ange adepte du thé, un grand mage redoutable à l’allure de tigre, un général recouvert d’une peau de mouton comme seul trophée, un mage transformiste se prenant pour une princesse, un autre dont le nom évoquait un scarabée, un autre tantôt moine, tantôt guerrier adepte du cham bleu, un grand voleur de chemin au crâne bien lisse… Et bien d’autres. Je pourrais encore discuter, rire et chanter avec eux…
J’ai rêvé d’une étendue d’eau glacée, froide et dure comme de la pierre… Et d’une jeune fille au rire ensoleillé et à la chevelure couleur des blés dansant sur ce lac glacé, m’entrainant avec elle… J’ai rêvé des abords d’un manoir sombre et imposant… Et d’une femme qui l’est encore plus, aux traits sévères mais finement ciselés, au timbre moqueur, à la chevelure de jais et à la peau d’argile…
Seulement à la différence des autres rêves, ceux-ci ne disparaissent pas quand on se réveille, avalés dans les affres de la mémoire. Ils subsistent, lacèrent l’âme, ravivant les blessures du cœur et ainsi, la tristesse envahit inexorablement l’esprit. Le corps se fait las de toutes ces tueries incessantes, de ces gestes répétés, de ces cicatrices toujours plus nombreuses chaque jour. Implacablement la solitude s’installe. Et l’on doit faire face à soi-même. Toutes ces fautes que l’on a commises. Toutes ces promesses qu’on s’est révélé incapable de tenir. Toutes ces faiblesses qui nous composent Ces déceptions qui nous accablent, ces utopies qui s’estompent. On réfléchit au sens des combats. Au nom de quoi l’on se bat. Kaldrass, Galoregor, Zelandra, la liberté, la justice, l’honneur, le plaisir, le chaos, soi-même. Ce pour quoi on se bat. Nos convictions, nos espoirs, nos folies. Ceux pour qui on se bat. Nos camarades de combat, nos amis, notre famille, l’aimée. Finalement on prend conscience que l’on n’était pas si seul que ça. Mais qu’importe l’heure est venue.
Je chuchotais une dernière fois. Une flamme apparut dans ma main droite. J’observais le feu danser dans au creux de ma paume puis l’approchait de mon torse. Je fermais les yeux.
Le rêve est un rêve, justement parce qu’il ne se réalise pas. Quand j’ai compris cela, je me suis réveillé… …Et je savais que ça se finirait un jour.
Le feu jaillit. Le rêve est fini | |
| | | Axalis Royaliste
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| Sujet: Re: Au crépuscule d'une vie d'exil... Dim 8 Mar - 0:53 | |
| Le réveil commence. Le feu est éteint.
J’ouvris les yeux. Sur ma réalité. Sur cet écusson couleur ciel, symbole de mon allégeance au Prince, emblème de mon appartenance aux bannis de ces terres, aux Exilés d’Alidhan. Cet écusson que je portais à la poitrine n’étant désormais plus qu’un tas de cendres informe sur le sol d’où transparaissent encore quelques nuances de bleu.
Oui j’ai fini d’espérer pouvoir changer les Exilés, de considérer que les Rôdeurs puissent se relever de leur isolement progressif. Fini de penser que les êtres qui me sont chers finissent inéluctablement par périr. Fini de rêvasser.
Désormais je vais revêtir le blason coloré de passion et de sang. Parce que je viens te rejoindre mon ange.
Au sein de cette forêt, sur le chemin de ma demeure je t’ai offert ma mort mais tu ne l’as pas prise. Tu as levé le voile ténébreux qui s’était abattu sur mon existence sinueuse. Toutes mes incertitudes, mes craintes, mes doutes tu les as fait disparaître si facilement… Je t’ai aimé dès la première seconde où je t’ai entraperçu, errante entre les arbres, si belle, si douce et si forte à la fois. Quel homme ne tomberait pas sous ton charme ? Et tu m’as choisi alors qu'un autre homme était déjà dans ta vie.
Qu’importe comment je serais considéré par les autres. Si tous jugent que je suis un traître à ma nation… Hé bien j’en n’en ai que faire car je n’ai pas trahi mon cœur. Reprochez-moi tout ce que vous voulez, mon âme reste celle d’un Exilé, et même avant tout d’un Rôdeur… Si vous voulez faire de moi un paria même au sein de mes anciens camarades de bataille, alors faites. Si aimer est un crime, alors c’est avec plaisir que j’irais à la potence. Je donnerais sans hésiter ma vie pour elle. Mes convictions ne sont plus de faire triompher les Exilés, ou bien même une quête absurde de force. Désormais ma conviction la plus profonde, celle qui se ressentira lorsque mon bâton brassera l’air, mes incantations résonneront dans les plaines et mes flammes brûleront d’une intensité sans pareille, est de tout faire pour la protéger, elle, quoi qu’il m’en coûte. Ce n’est pas parce que je rejoins les Royalistes que je servirais désormais leur cause… Je n’embrasse pas leurs convictions. Je l’embrasse juste elle. Ma Laki… | |
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