Orphelines de naissance, moi et ma sœur jumelle étions inséparables. Pour survivre, nous travaillions dans une auberge reconnue de la capitale Nedmor…
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«Gogo, tu viens?
-Ne m’appelles pas comme ça! »
Melika regarda GothicLolita, les larmes aux yeux, dans une tentative de manipulation qui, malheureusement pour elle, ne fonctionnait plus depuis longtemps. GothicLolita la regarda d’un air froid, ses cheveux noirs encadrant ses yeux couleur ébène. Un bien étrange portrait pour une si jeune petite fille et sa jeune sœur qui, tout au contraire, avait les cheveux et les yeux argentés. La petite Melika courait dans le bois jusqu’aux balançoires, incitant vainement sa sœur à participer à la course, mais elle ne participait jamais à ses jeux…
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Il y avait une parade… les gens, attroupés dans la rue, célébraient la famille royale d’Alidhan. GothicLolita regardait le prince d’un air de vénération, et, se tournant vers sa sœur, elle lui dit, souriante :
«Tu vois le prince Kaldrass? Un jour, ce sera lui le nouveau Roy! L’autre jour, il est venu boire à l’auberge et m’a aussi commandé un morceau de gâteau. Il a dit que c’était le meilleur gâteau auquel il avait eu droit depuis ce jour, et aussi que je serais plus tard une des plus belles dames du royaume! Je l’ai écouté parler par la suite avec d’autres gardes et, crois-moi, il saura gérer le royaume aussi bien que son père, et nous continuerons de vivre en paix. »
Ce fut l’unique vrai sourire que Melika vît, un jour ensoleillé, s’afficher sur le visage de sa sœur…
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«Le roi est mort! » , murmurait la foule.
Des bribes d’informations parvenaient à Melika et sa sœur. La plupart étaient paisibles et simplement compatissantes pour la mort de leur Roy, mais certaines, plus basses, parlaient d’une mutinerie. En entendant cela, Melika vît sa sœur se crisper, mais n’osait pas la toucher… elle détestait cela…
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Parmi la foule qui la poussait et l’étouffait empressée par la fuite, Melika sentit une main saisir la sienne, afin de la sortir de cette marée et lui permettre de respirer. C’était sa sœur. Elle affichait un air grave, mais Melika ne comprenais pas ce qui se passait. Les gens fuyaient le royaume, et des gardes les chassaient, criant aux traîtres, mais qui étaient les vrais traîtres?
«Galoregor a prit le pouvoir en exilant son frère»
Dans cette simple phrase, Melika sentit et comprit l’énorme désarroi de sa sœur.
GothicLolita attendait assise à même le sol et Melika, comme à son habitude, attendit à côté d’elle, son regard se perdant dans le temps.
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L’attente était éternelle et Melika, pour la première fois de sa vie lui sembla-t-il, prit une décision. Elle se leva précipitamment :
«Nous devons partir, Gogo. »
Mais sa sœur ne bougea pas. Elle ne bougerait plus jamais. Les manches de sa robe étaient empâtées du sang des veines qu’elle s’était tranchées. Sur son visage, un sourire était gravé et dans ses yeux d’ébène on pouvait voir, mais sans lumière, le souvenir de ce jour où le prince lui avait adressé de simples mots, qui avaient gravé sa mémoire à jamais. Des souvenirs qui, dans son esprit de petite fille, lui avait fait rêver d’un monde autre que celui dans lequel elle vivait. GothicLolita, qui avait toujours semblé si forte aux yeux de tous, avait succombé aux avances de la faucheuse, qui l’avait doucement prise dans ses bras pour aller la porter dans ses rêves. Melika, étrangement, ne versa aucune larme. Sur son visage se dessina un sourire et, dans la nuit, elle sortit de la capitale.
Le prince se trouvait au sud-est, elle le savait, elle qui n’avait jamais rien su. La petite Melika, grelottante, marchait d’un pas timide. Puis, finalement, elle vit un garde posté en sentinelle.
«Votre nom! », commença-t-il à aboyer.
Mais, voyant une si petite fille seule, le garde eut un air de pitié
«Je m’appelle GothicLolita, dit Melika, avec son éternel sourire aux lèvres. Je suis une fidèle du prince Kaldrass, et je me battrai pour lui s’il le faut, afin qu’il reprenne le trône qui lui est dû de droit. »
Brutus fût affligé de voir une enfant qui semblait si fragile déjà prête à combattre des gens de leur capitale. Il la laissa passer, et lui donna quelques pièces, afin qu’elle puisse se reposer à l’auberge.
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Ma sœur n’est pas morte. Je sais qu’un jour, lorsque Kaldrass reviendra au pouvoir, et que j’aurai l’honneur de croiser son regard, que je comprendrai les sentiments qui hantaient ma sœur. Pour l’instant, je garde un sourire éternel, comme celui qu’elle avait en cette nuit, et je protège, tout au fond de mon cœur, ce précieux secret. Mes rires ne sont présents que pour cacher mes sanglots, et mon cœur cache les sombres pensées de ma sœur.
Mais… c’est un secret.
Mon passé n’est pas là pour être su.