Les serviteurs du prince Kaldrass
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 Cave Ne Cadas

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AuteurMessage
Cabotinne
Pleutre
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Date d'inscription : 09/05/2009

"Carnet de Bord"
Alignement: Exilé
Classe: Guerrier
Niveau d'expression: 0

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MessageSujet: Cave Ne Cadas   Cave Ne Cadas Icon_minitimeJeu 11 Juin - 17:12


Les semaines, les jours, les heures, les minutes et même les secondes paraissaient s'allonger.
L'inexorable course du temps s'était arrêtée, la forêt était vierge de tout son, seuls, les battements de son coeur martelaient ses tempes sous la pression du liquide cramoisi qui abreuvait son corps.
Assourdissant.
Cab avait ôté ses bottes de mithril pour lui épargner le broiement de tous les os de ses pieds dans sa course folle.
Les cheveux lâchés, sa cape paraissait statique sous la vitesse de son pas. Glissant plus qu'elle ne courrait, son souffle était un râle, ténu, lointain, comme derrière elle.
Ses yeux d'émeraude ne se posèrent pas cette fois sur les lourdes portes cochères de Nedmor, ni sur Hérutis, Schnubiama, la diseuse de bonne aventure, ou encore les ruines de Borgovil.
Elle en oubliait le chemin à prendre, elle ne pensait plus, guidée par l'instinct.


Elle avait apprit la nouvelle. Il était revenu.
Elle essuya une larme arrachée par le vent sur ses clairs iris. Elle se rappelait sa course... Etait-ce des mois auparavant?
Elle n'en savait goutte. Elle savait qu'il allait s'en aller pour revenir dans une autre enveloppe et débarrassé de sa mélancolie l'espérait-elle.
Il était parti. Sans un au revoir, sans même prendre le temps de mentir.
Elle avait toujours gagné toutes les batailles jadis; il avait gagné la guerre.
Son coeur avait heurté violemment le sol dans un bruit sourd, ce bourdonnement sans pulsion aucune, dérangeant, ne laissant qu'une abîme et la noirceur de l'intérieur d'un cadavre.


Elle s'arrêta enfin, arrivée aux portes de Fuisserage. Elle n'avait jamais contemplé ces gargantuesques murailles, renforcées de colombages, les drapeaux d'un cyan à en crever les yeux, les portes massives joliement agrémentées de fer forgé.
Parcourant le décor, elle prêta attention à l'état de cette entrée. L'opprobre des hommes et l'action du temps avait entravé cette impression de majestuosité qui l'avait aveuglé l'espace de quelques instants. Combien d'ennemis avaient forcé l'entrée du repaire du prince? Les gardes eux portaient également les stigmates de cette guerre, jumeaux aux portes, elles n'en altéraient pas moins leur grandeur. Fidèles à leur poste et aux ordres ils scrutaient méticuleusement d'un regard biaiseux le moindre mouvement d'une brindille, la moindre chute d'une feuille. Cab s'amusait de ce spectacle à l'accoutumée, lançant de ci de là une pierre, admirant la vélocité avec laquelle ils dégainaient leurs armes, la dextérité avec laquelle ils les rangeaient à nouveaux.
Aujourd'hui , elle avait oublié son sourire mutin et les les farces auquelles elle s'adonnait, elle était rongée par l'impatience, ne prêtant attention à la magnifique journée qui défilait avec une lenteur exquise, elle en avait oublié le doux zéphyr qui caressant sa crinière et sa nuque, semait son parfum floral et musqué au gré de la bise, le soleil, doux comme le plus délicieux des fruits qui réchauffait avec soin son visage, l'herbe, haute et touffue, qui offrait un tapis soyeux à sa voute plantaire, et le chant des oiseaux, harmonieux et mystique digne du plus merveilleux des phénix.

Les éléments tendaient à l'apaiser, même le plus trapu des deux gardes lui offrit un sourire contrit.
Avançant le regard vide et espérant, les meilleures intentions demeurèrent veines. Elle entra.


Furetant de ci de là, assourdie par les bruits d'épées qui claquent lors des entrainements, elle le vit enfin, adossé au mur porteur de l'auberge de chaux. Il était à peine vêtu, il avait changé. Sa musculature valait celle d'un guerrier d'age moyen, témoignant la force de l'enveloppe qu'il pouvait désormais habiter, sa mâchoire s'était légèrement élargie, une morsure serait fatale, son nez affiné, son flair ne devait être l'égal de l'homme, mais ses yeux était toujours aussi perçants, sa bouche délicieusement empoisonnée,Dieu qu'il était beau.
Cab passa la main dans ses cheveux aux reflets mordorés par le soleil, en retira une feuille à défaut de repousser les quelques mèches sauvages qu'elle avait devant les yeux. Son coeur battait la chamade, s'intensifiant à chaque pas qu'elle faisait. Le temps avait reprit sa course folle, elle pâtissait de sa propre lenteur.
Son myocarde sortit de sa poitrine comme implorant le pardon de l'amant pour lui en avoir voulu à la suite de ce départ et attendant châtiment...

Cave ne Cadas, plus dure sera la chute.
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